La Kartoffelkeller

Pièces d’archives issues du dossier rassemblant les auditions, interrogatoires et dépositions relatifs à la Procédure dite “Camp du Struthof-Natzweiler” clôturée par le jugement du 02 juillet 1954 par le Tribunal Permanent des Forces Armées de Metz.
Ces pièces d’archives sont conservées au Dépôt Central des Archives de la Justice Militaire à Le Blanc (département de l’Indre).
Ces pièces d’archives rassemblées sont extraites du dossier faisant référence à la déposition de Roger Leroy, ancien déporté, arrivé au KL Natzweiler avec le deuxième convoi de déportés Nacht und Nebel (nuit et brouillard) français, le 12 juillet 1943. Il est affecté au kommando (équipe de travail) de la cave à pommes de terre (Kartoffelkeller) de son arrivée au camp jusqu’en décembre 1943.
Il est sous la surveillance du SS Franz Ehrmanntraut, auteur de sévices sur les déportés affectés au chantier de la cave à pommes de terre, débuté le 30 juin 1943, à proximité de l’entrée du camp.
Ce chantier a pour but le creusement de la roche pour l’aménagement d’une cave longue de 115 mètres et divisée en 22 alvéoles séparées par deux couloirs.

Dans sa déposition, Roger Leroy, décrit les difficiles conditions de travail dans ce kommando de construction, où il effectue des travaux de terrassement et de nivellement du terrain, accompagné de 80 autres déportés NN. En effet, les déportés doivent creuser manuellement une excavation de plusieurs mètres de profondeur dans la roche, le tout en étant harcelés, frappés par les SS et mordus par les chiens. Ils subissent des sévices de la part de Franz Ehrmanntraut et d’autres SS, décrits par Roger Leroy dans sa déposition. Ces traitements inhumains provoquent blessures et maladies conduisant parfois, faute de soins, au décès. Les déportés NN sont privés d’accès à l’infirmerie du camp jusqu’en octobre 1943.
Roger Leroy, témoin de ces exactions et victime de ces dernières, décrit également les séries de matraquage que subissent les détenus sur le chantier, les épuisant ainsi d’autant plus que ces derniers sont appelés pour l’appel de midi.
Le kommando de la Kartoffelkeller devient ainsi un des principaux lieux de souffrance et de mort des déportés NN français, voués à disparaître par le travail sans laisser de trace. À tel point que même les déportés plus anciens, habitués au comportement néfaste des SS, sont effrayés par le sort réservé aux NN français.

En octobre 1943, débutent les travaux de bétonnage qui se poursuivent jusqu’en 1944.
Le kommando de construction de la cave à pommes de terre se stabilise à une centaine de détenus.
À la fin des travaux, deux baraques SS affectées aux troupes sont construites au-dessus de la Kartoffelkeller.
Max Nevers, autre déporté NN français, atteste, après-guerre, de la présence d’un atelier de moteurs d’avion au sein de la construction. À ce jour, aucun document ne permet d’affirmer ou d’infirmer cette utilisation du bâtiment.
Par tous ses aspects, la Kartoffelkeller est devenue le symbole de l’oppression, de l’épuisement, de l’avilissement des déportés par le travail et les coups ; de la volonté ultime des nazis d’anéantir toute résistance et tout espoir.

Pour consulter les archives cliquez ici (pdf - 1.21 Mi).