L'entonnoir de la chambre à gaz (dépôt du Musée de la résistance et de la déportation de Besançon)

Autrefois salle de bal, le bâtiment situé en face de l’hôtel du Struthof est aujourd’hui l’un des symboles de l’horreur du Konzentrationslager (KL) Natzweiler. C’est en effet dans ce bâtiment qu’est installée, au début de l’année 1943, la chambre à gaz du camp. Il s’agit d’un des lieux emblématiques des expérimentations médicales menées par les médecins nazis au sein du KL Natzweiler.

L’entonnoir de la chambre à gaz a servi à mettre en contact l’eau et les sels cyanhydriques. Leur contact créait une réaction chimique qui libérait un gaz mortel dans la pièce. C’est par ce dispositif qu’ont été assassinées, en août 1943, les 86 personnes juives sélectionnées pour le projet de collection de squelettes du professeur August Hirt. Les sels étaient disposés dans une cavité creusée dans le sol de la chambre et un tuyau reliait l’entonnoir à cette cavité.

La première mention officielle de la chambre à gaz date du 12 avril 1943 avec un télégramme adressé par Josef Kramer, commandant du camp, à la direction de l’Ahnenerbe, l’organe de recherche du régime nazi chargé de prouver la supériorité de la race aryenne. Il y indique que la chambre à gaz est terminée.

L’entonnoir, quant à lui, aurait été installé un peu plus tard, vers la fin du printemps. Georges Weydert, un Luxembourgeois déporté politique au KL Natzweiler sous le matricule 2503, témoigne qu’ordre lui a été donné de fabriquer cet entonnoir et de l’installer au niveau de la chambre à gaz au printemps 1943.

Démonté avant la fin de la guerre, il est retrouvé sous un établi par le propriétaire de l’hôtel et remis aux autorités militaires qui enquêtent sur les crimes du KL Natzweiler. Il est présenté comme preuve durant les procès des trois médecins expérimentateurs en 1952 et des gardiens du camp en 1954. A leur issue, l'entonnoir intègre les collections du Musée de la résistance et de la déportation de Besançon qui accepte son dépôt au CERD à des fins d’exposition.