Le Block crématoire du KL Natzweiler.

Pièces d’archives issues du dossier rassemblant les pièces judiciaires relatives à la Procédure dite “Camp du Struthof-Natzweiler” clôturée par le jugement du 2 juillet 1954 par le Tribunal Permanent des Forces Armées de Metz.
Ces pièces d’archives sont conservées au Dépôt Central des Archives de la Justice Militaire à Le Blanc (département de l’Indre).

Elles sont extraites du dossier comportant une partie des registres rassemblant les comptes-rendus journaliers des travaux exécutés au camp de concentration de Natzweiler (« Tages Bauberichte »).
Les pièces retenues relatent le début et la fin de la période des travaux de construction du Block crématoire installé au sein du camp (l’intitulé du Block crématoire inscrit sur les comptes-rendus journaliers des travaux et sur le plan du camp est « Krematorium BW 43 »). La période de travaux du Block crématoire se situe entre le 28 avril 1943 et le 3 novembre 1943.

Les travaux de construction du Block crématoire débutent par des travaux d’aplanissement et par le transport de sable et de gravier sur le site dévolu à son installation, le tout par un effectif variant de 30 à 80 détenus. Les travaux continuent journellement et suivent plusieurs étapes d’avril à juin : maçonnerie, bétonnage, montage de l’échafaudage, pose de la toiture, installation de l’électricité, construction de la cheminée et crépissage des murs intérieurs.
De juillet à début novembre, les travaux s’orientent vers des travaux de menuiserie avec l’installation des portes, fenêtres et continuent avec les travaux de terrassement et de pose des conduites, notamment celles servant à l’adduction d’eau. À partir du 1er octobre 1943, le four crématoire ambulant, initialement installé au-dessus de l’auberge et situé dans une simple cabane en bois en février 1943, est démonté. Les jours suivants, il est transporté au camp pour être remonté au sein du Block crématoire.
Ce dernier est ainsi achevé le 3 novembre 1943. Fonctionnant initialement au fuel, le four crématoire est modifié pour fonctionner au coke.
La mise en service du four crématoire marque la fin de la construction du camp débutée en mai 1941 et ainsi de fait l’achèvement de ses aménagements.

Le Block crématoire est séparé en trois parties.
La première aile est destinée à l’accueil des nouveaux arrivants, subissant une fouille et une désinfection du corps et de leurs vêtements, le tout sous les coups et humiliations. On trouve dans cette aile plusieurs salles de déshabillage, une étuve pour la désinfection des vêtements et les douches.
La partie centrale du Block est occupée par le four crématoire à proprement dit, destiné à l’incinération des corps. Dans l’attente de la crémation, les dépouilles sont entassées dans la morgue située sous le bâtiment. La morgue est ainsi reliée directement à la salle de crémation par un système de monte-charge. Dans ces lieux, des exactions et exécutions sont commises régulièrement sur des détenus. En effet, des exécutions par arme à feu et des pendaisons au moyen de crochets de boucher installés derrière le four peuvent avoir lieu. Rares sont les exécutions ayant laissé des traces. On peut néanmoins retenir l’assassinat de quatre femmes du SOE, le 6 juillet 1944, euthanasiées par injection de phénol par les médecins SS et celui de 106 membres du réseau Alliance dont 15 femmes, et 35 membres du Groupe Mobile Alsace-Vosges (GMA-V) dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944.
La dernière aile est destinée aux expérimentations médicales. Elle est subdivisée en plusieurs salles ou pièces, dont une salle des cobayes, une salle de dissection et les bureaux des médecins.
On trouve également une salle des urnes. Ces dernières sont destinées aux déportés allemands décédés au camp. Les familles allemandes, prévenues très tardivement du décès du membre de leur famille, peuvent, sur demande, recevoir par courrier l’urne contenant les cendres de leur défunt.

 

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